SFMG - Société Française de Médecine Générale

Juin 2017 Jordan BIBAS

CONTEXTE

La corticothérapie en cure courte, fréquemment utilisée en médecine générale suscite des craintes. L'objectif de l'étude est de permettre de comprendre l'attitude thérapeutique des médecins de ville vis-à-vis de cette corticothérapie dans les infections de la sphère ORL. Ceci permettra d'identier les éléments utiles à l'amélioration de la prescription de corticoïdes sur une courte durée dans ces indications.

METHODES

Il s'agit d'une étude qualitative par entretien semi-dirigé de 18 médecins généralistes en Ile-de-France sur l'utilisation des corticoïdes en cure courte dans le traitement des infections respiratoires hautes (ou "de la sphère ORL").

RESULTATS

La prescription de corticoïdes en cure courte dans les infections de la sphère ORL est une prescription courante dans la pratique des médecins généralistes. La prednisolone par voie per os pour une durée de 3 à 7 jours notamment dans le traitement de la sinusite et à un moindre degré dans ce celui de l'otite moyenne aiguë (OMA) et de l'angine est prescrite lors de la 1ère ou de la 2ème consultation, souvent en association aux antibiotiques (Amoxicilline ou l'Augmentin). Le corticoïde est préféré à un AINS car le corticoïde représentait un risque moindre.

Les praticiens prescrivent les corticoïdes à visée antalgique, à visée anti-inflammatoire et afin de permettre une résolution rapide des symptômes. En l'absence de véritables recommandations, cette prescription se fonde sur l'expérience de leur pratique et peu sur la littérature.

Les raisons de non-prescription invoqués sont les risques d'aggravation de l'infection, de décompenser une pathologie cardio-vasculaire, psychiatrique ougastrique. Le risque d'interactions médicamenteuses avec les antidiabétiques, les antihypertenseurs, les AINS ou les psychotropes, peut représenter une des craintes des médecins généralistes.

D'autres déterminants, sujets à débat, peuvent amener à prescrire pour certains comme à ne pas prescrire pour d'autres. Le terrain : qu'il soit allergique, de pathologie respiratoire basse chronique, type asthme ou BPCO, ou de pathologie tumorale évolutive avec atteinte pulmonaire, notamment en phase palliative, peut parfois pousser les médecins à prescrire souvent pour se prémunir contre une aggravation. La polypathologie notamment chez les personnes plus âgées (> 65 ans) est un autre élément de réflexion qui entrainent ou non une prescription de corticoïdes.

Les craintes des patients, notamment les impératifs des adultes actifs entre 15 et 65 ans, sont également un élément pris en compte par les médecins généralistes amenant à la prescription ou à la non-prescription. Enn, chez les enfants entre 0 et 15 ans où ces pathologies de la sphère ORL sont les plus fréquentes, la mère (ou les parents) est parfois à l'origine d'une demande de prescription de corticoïde souvent en raison d'une expérience passée satisfaisante. Ceci peut déboucher sur une prescription de corticoïde après discussion et information du praticien.

CONCLUSION

On ne connaît que très peu de conséquences d'une corticothérapie en cure courte. En particulier, les impacts en termes de risque infectieux sont peu évalués. Ceci découle du faible nombre d'essais ayant évalué une corticothérapie de courte durée pour le traitement d'infections aiguës de la sphère ORL.
L'utilisation des corticoïdes dans ces indications n'est pas fondée sur une évaluation rigoureuse. Mais en somme, les risques d'une corticothérapie de courte durée dans ces infections paraissent limités.

Mots-clés

Etude qualitative, entretiens semi-dirigés, médecine générale, corticothérapie en cure courte, infections respiratoires hautes, sphère ORL, prednisolone, sinusite, antalgique, anti-inflammatoire, expérience, complication infectieuse, polypathologie, travail, mère.
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