Février 2008
Résumé
Introduction
Les Français sont les plus gros consommateurs de psychotropes en Europe. En 1996, un rapport sur le sujet, incriminait les généralistes soulignant que les psychotropes seraient un moyen d'abréger la consultation. Et si les médecins français prenaient plus en charge les difficultés psychiques que leurs confrères européens ? Plusieurs études ont montré que la durée de consultation des médecins généralistes français est une des plus longues d'Europe. Nous sommes partis de l'hypothèse que la durée de la consultation pouvait faciliter l'écoute du mal être des patients, donc favoriser le dépistage des troubles et leur traitement.
Méthode
Il s'agit d'une étude prospective de l'activité de 44 généralistes français qui ont recueilli l'exhaustivité de leurs consultations sur 3 jours entre octobre et novembre 2007. 23 variables ont été identifiées concernant le médecin, le patient et les actes. Le recueil s'est fait sur document papier. La saisie des données a été faite à l'aide du logiciel ETHNOS. L'analyse a porté sur un tri à plat pour valider la représentativité de notre échantillon. Puis nous avons identifié les variables d'influence sur la durée de consultation et la prescription de psychotropes. Enfin, nous avons étudié l'influence de ces variables sur la prescription de psychotropes, toute chose égale par ailleurs (logiciel STATA).
Résultats
Les 44 médecins sont répartis sur 10 départements. On dénombre 18 femmes et 26 hommes. 14 médecins ont moins de 45 ans. Le sexe ratio des patients est de 0,74. L'âge moyen est de 41 ans. L'échantillon des actes comporte 2896 consultations. Chaque médecin a une moyenne de 22 actes par jour. Plus de 40% des actes comportent plus d'un diagnostic. On retrouve un diagnostic psychique dans 17,2% des consultations. Dans plus d'un tiers des consultations présentant un diagnostic psychologique, ce problème apparaît au cours de la consultation. Lors d'un diagnostic psychologique le médecin ne prescrit aucun psychotrope 1 fois sur 3. Parmi les prescriptions établies en présence d'un trouble psychique, on retrouve un hypnotique 3 fois sur 10, un anxiolytique 1 fois sur 2 et un antidépresseur 4 fois sur 10. La prescription de psychotropes est plus faible en cas C.M.U. Lorsque le diagnostic psychologique émerge pendant la consultation, le médecin prescrit moins de psychotrope. On retrouve un hypnotique dans 5,4% de l'ensemble des consultations, un anxiolytique dans 9,3% et un antidépresseur dans 7,6%. La majorité des consultations (3 sur 4) durent entre 10 et 19 minutes. 43% durent plus d'un quart d'heure. La proportion de consultations au cours desquelles apparaît un trouble psychique augmente avec la durée de consultation. Lorsqu'il y a prescription de psychotrope, la durée de consultation est supérieure à 20 minutes dans 28% des cas, contre 10% en l'absence de psychotrope. Les variables qui interviennent de façon significative sur la prescription de psychotropes sont : âge et lieu d'exercice du médecin, âge, sexe et connaissance du patient, présence d'ALD, nombre de diagnostics. Les variables qui interviennent significativement sur la durée de consultation sont : âge, sexe, lieu d'exercice et secteur conventionnel du médecin, âge du patient, présence d'ALD, le nombre de diagnostics, présence de diagnostic psychologique. L'analyse montre qu'il y a un lien significatif entre durée de consultation et prescriptions de psychotropes, toute chose égale par ailleurs. Plus la durée de consultation augmente, plus il y a de prescription de psychotropes. Par rapport à une consultation de moins de 10 minutes, on a 2,91 fois plus de prescriptions de psychotropes dans celles de 20 minutes et plus.
Discussion
Nous avons pu comparer nos résultats bruts à 3 études dont 1 européenne. Les patients sont comparables et l'échantillon des actes est représentatif. Les troubles anxieux sont moins fréquents dans notre étude, mais les troubles dépressifs représentent le double par rapport aux 5 autres pays comparés. La différence d'attitude thérapeutique est frappante pour les antidépresseurs. Le temps de consultation est légèrement plus court au regard de la littérature. Il se situe majoritairement dans la tranche de 10 à 14 minutes, alors que la moyenne française est de 16 minutes. Ceci peut s'expliquer par la période de recueil. Lorsqu'émerge un problème psychologique, le médecin prescrit 1 fois sur 2.
Conclusion
Nos résultats confirment que la présence d'un diagnostic psychologique augmente la durée de consultation et prouvent que la prescription de psychotrope ne la raccourcit pas. La réponse à notre question initiale infirmerait donc les idées communément avancées. Les médecins de l'étude prennent en charge plus de troubles dépressifs que leurs confrères des pays européens à consultation plus courte. Enfin, notre étude montre que la durée de consultation est d'autant plus longue qu'un diagnostic psychologique émerge au cours de la consultation.
Introduction
Les Français sont les plus gros consommateurs de psychotropes en Europe. En 1996, un rapport sur le sujet, incriminait les généralistes soulignant que les psychotropes seraient un moyen d'abréger la consultation. Et si les médecins français prenaient plus en charge les difficultés psychiques que leurs confrères européens ? Plusieurs études ont montré que la durée de consultation des médecins généralistes français est une des plus longues d'Europe. Nous sommes partis de l'hypothèse que la durée de la consultation pouvait faciliter l'écoute du mal être des patients, donc favoriser le dépistage des troubles et leur traitement.
Méthode
Il s'agit d'une étude prospective de l'activité de 44 généralistes français qui ont recueilli l'exhaustivité de leurs consultations sur 3 jours entre octobre et novembre 2007. 23 variables ont été identifiées concernant le médecin, le patient et les actes. Le recueil s'est fait sur document papier. La saisie des données a été faite à l'aide du logiciel ETHNOS. L'analyse a porté sur un tri à plat pour valider la représentativité de notre échantillon. Puis nous avons identifié les variables d'influence sur la durée de consultation et la prescription de psychotropes. Enfin, nous avons étudié l'influence de ces variables sur la prescription de psychotropes, toute chose égale par ailleurs (logiciel STATA).
Résultats
Les 44 médecins sont répartis sur 10 départements. On dénombre 18 femmes et 26 hommes. 14 médecins ont moins de 45 ans. Le sexe ratio des patients est de 0,74. L'âge moyen est de 41 ans. L'échantillon des actes comporte 2896 consultations. Chaque médecin a une moyenne de 22 actes par jour. Plus de 40% des actes comportent plus d'un diagnostic. On retrouve un diagnostic psychique dans 17,2% des consultations. Dans plus d'un tiers des consultations présentant un diagnostic psychologique, ce problème apparaît au cours de la consultation. Lors d'un diagnostic psychologique le médecin ne prescrit aucun psychotrope 1 fois sur 3. Parmi les prescriptions établies en présence d'un trouble psychique, on retrouve un hypnotique 3 fois sur 10, un anxiolytique 1 fois sur 2 et un antidépresseur 4 fois sur 10. La prescription de psychotropes est plus faible en cas C.M.U. Lorsque le diagnostic psychologique émerge pendant la consultation, le médecin prescrit moins de psychotrope. On retrouve un hypnotique dans 5,4% de l'ensemble des consultations, un anxiolytique dans 9,3% et un antidépresseur dans 7,6%. La majorité des consultations (3 sur 4) durent entre 10 et 19 minutes. 43% durent plus d'un quart d'heure. La proportion de consultations au cours desquelles apparaît un trouble psychique augmente avec la durée de consultation. Lorsqu'il y a prescription de psychotrope, la durée de consultation est supérieure à 20 minutes dans 28% des cas, contre 10% en l'absence de psychotrope. Les variables qui interviennent de façon significative sur la prescription de psychotropes sont : âge et lieu d'exercice du médecin, âge, sexe et connaissance du patient, présence d'ALD, nombre de diagnostics. Les variables qui interviennent significativement sur la durée de consultation sont : âge, sexe, lieu d'exercice et secteur conventionnel du médecin, âge du patient, présence d'ALD, le nombre de diagnostics, présence de diagnostic psychologique. L'analyse montre qu'il y a un lien significatif entre durée de consultation et prescriptions de psychotropes, toute chose égale par ailleurs. Plus la durée de consultation augmente, plus il y a de prescription de psychotropes. Par rapport à une consultation de moins de 10 minutes, on a 2,91 fois plus de prescriptions de psychotropes dans celles de 20 minutes et plus.
Discussion
Nous avons pu comparer nos résultats bruts à 3 études dont 1 européenne. Les patients sont comparables et l'échantillon des actes est représentatif. Les troubles anxieux sont moins fréquents dans notre étude, mais les troubles dépressifs représentent le double par rapport aux 5 autres pays comparés. La différence d'attitude thérapeutique est frappante pour les antidépresseurs. Le temps de consultation est légèrement plus court au regard de la littérature. Il se situe majoritairement dans la tranche de 10 à 14 minutes, alors que la moyenne française est de 16 minutes. Ceci peut s'expliquer par la période de recueil. Lorsqu'émerge un problème psychologique, le médecin prescrit 1 fois sur 2.
Conclusion
Nos résultats confirment que la présence d'un diagnostic psychologique augmente la durée de consultation et prouvent que la prescription de psychotrope ne la raccourcit pas. La réponse à notre question initiale infirmerait donc les idées communément avancées. Les médecins de l'étude prennent en charge plus de troubles dépressifs que leurs confrères des pays européens à consultation plus courte. Enfin, notre étude montre que la durée de consultation est d'autant plus longue qu'un diagnostic psychologique émerge au cours de la consultation.
Mots clés
Psychotrope, Durée de consultation, Motif de consultation, Dépression, Hypnotique, Anxiolytique, Antidépresseur, La psychiatrie en médecine générale
Psychotrope, Durée de consultation, Motif de consultation, Dépression, Hypnotique, Anxiolytique, Antidépresseur, La psychiatrie en médecine générale