Décembre 2020
Résumé
En médecine générale, la continuité des soins est associée à une meilleure qualité des soins et à la satisfaction des patients. Deux transitions hôpital - ville - la sortie d’hospitalisation d’une personne âgée et le diagnostic d’un cancer - ont été identifiées comme des situations à risque de rupture de cette continuité des soins. L’objectif de la thèse était d’évaluer la continuité des soins et ses ruptures, dans le contexte de la médecine générale en France, ainsi que de rechercher ses déterminants.
Une cohorte prospective de 71 patients âgés sortant de l’hôpital et leur médecin généraliste a été constituée (Champagne-Ardenne, 2016-2017). Les caractéristiques du courrier de sortie (continuité informationnelle) et des consultations de sortie d’hospitalisation en médecine générale (continuité longitudinale) ont été étudiées. Une seconde cohorte de 2 853 patients suivis par 96 médecins généralistes a été constituée à partir de l’Observatoire de la Médecine Générale (France, 2001-2010). La régularité des consultations des patients a été comparée avant et après le diagnostic du cancer (continuité longitudinale). La proportion et les caractéristiques des patients (âge, sexe, comorbidités, antécédent de troubles psychiques) suivis pour une prise en charge psychologique après cancer en médecine générale ont été décrites à partir d’une cohorte de 4 330 patients (111 médecins généralistes, continuité longitudinale).
En sortie d’hospitalisation de personnes âgées, notre travail a confirmé un risque de rupture de la continuité informationnelle des soins, du fait du retard de transmission du courrier de sortie. Une rupture de la continuité longitudinale des soins était également constatée : moins d’un médecin généraliste sur deux avait été informé de la sortie, et le rendez-vous de consultation était laissé à l’initiative des patients. Les patients âgés revus sans courrier transmis avaient un risque augmenté de réhospitalisation précoce. Après le diagnostic de cancer, nos travaux ont montré une rupture de la continuité longitudinale des soins chez environ un quart des patients. Ceux ayant des comorbidités ou un cancer métastatique étaient moins à risque de rupture. Quatre patients sur dix étaient suivis en médecine générale pour des troubles psychiques après le diagnostic d’un cancer, notamment les femmes et des patients jeunes. Les médecins généralistes assuraient une forte continuité pour les patients qui avaient une prise en charge psychologique avant le cancer : 82 % d’entre eux étaient encore suivi après le diagnostic.
En conclusion, ces travaux confirment le risque de rupture pour les patients âgés en sortie d’hospitalisation et les patients avec un cancer, et ouvrent sur des perspectives d’amélioration des pratiques cliniques en faveur d’une meilleure continuité des soins, et des perspectives de recherches complémentaires.
Mots clés : continuité des soins, médecine générale, cancer, âgés, sortie d’hospitalisation, troubles psychiques.
Une cohorte prospective de 71 patients âgés sortant de l’hôpital et leur médecin généraliste a été constituée (Champagne-Ardenne, 2016-2017). Les caractéristiques du courrier de sortie (continuité informationnelle) et des consultations de sortie d’hospitalisation en médecine générale (continuité longitudinale) ont été étudiées. Une seconde cohorte de 2 853 patients suivis par 96 médecins généralistes a été constituée à partir de l’Observatoire de la Médecine Générale (France, 2001-2010). La régularité des consultations des patients a été comparée avant et après le diagnostic du cancer (continuité longitudinale). La proportion et les caractéristiques des patients (âge, sexe, comorbidités, antécédent de troubles psychiques) suivis pour une prise en charge psychologique après cancer en médecine générale ont été décrites à partir d’une cohorte de 4 330 patients (111 médecins généralistes, continuité longitudinale).
En sortie d’hospitalisation de personnes âgées, notre travail a confirmé un risque de rupture de la continuité informationnelle des soins, du fait du retard de transmission du courrier de sortie. Une rupture de la continuité longitudinale des soins était également constatée : moins d’un médecin généraliste sur deux avait été informé de la sortie, et le rendez-vous de consultation était laissé à l’initiative des patients. Les patients âgés revus sans courrier transmis avaient un risque augmenté de réhospitalisation précoce. Après le diagnostic de cancer, nos travaux ont montré une rupture de la continuité longitudinale des soins chez environ un quart des patients. Ceux ayant des comorbidités ou un cancer métastatique étaient moins à risque de rupture. Quatre patients sur dix étaient suivis en médecine générale pour des troubles psychiques après le diagnostic d’un cancer, notamment les femmes et des patients jeunes. Les médecins généralistes assuraient une forte continuité pour les patients qui avaient une prise en charge psychologique avant le cancer : 82 % d’entre eux étaient encore suivi après le diagnostic.
En conclusion, ces travaux confirment le risque de rupture pour les patients âgés en sortie d’hospitalisation et les patients avec un cancer, et ouvrent sur des perspectives d’amélioration des pratiques cliniques en faveur d’une meilleure continuité des soins, et des perspectives de recherches complémentaires.
Mots clés : continuité des soins, médecine générale, cancer, âgés, sortie d’hospitalisation, troubles psychiques.
abstract
In general practice, continuity of care (COC) is associated with better quality of care and patients’ satisfaction. Two types of hospital-to-home transition – the hospital discharge of elderly people and the cancer diagnosis – were identified as situations at risk of possible loss of COC. The aim of the thesis was to assess the COC and its possible loss in general practice; and to search for its determinants. A prospective cohort of 71 elderly patients discharged from hospital and of their general practitioner was carried out (region of Champagne-Ardenne, 2016-2017). The characteristics of the discharge summaries (informational continuity), and of the post-discharge consultation in general practice (longitudinal continuity), were studied. A second cohort of 2 853 patients (96 general practitioners) was carried out from the “Observatoire de la Médecine Générale” (France, 2001-2020). The regularity of patients’consultations was compared before and after cancer diagnosis (longitudinal continuity).
The proportion and the characteristics of the patients (age, sexe, comorbidities, mental disorders) followed up for psychological care after cancer in general practice were described from a cohort of 4 330 patients (111 general practitioners, longitudinal continuity). For elderly patients at hospital discharge, our work confirmed a risk of loss of informational COC, due to the late transmission of discharge summaries. A loss of longitudinal COC has also been ascertained: less than one in two general practitioners had been informed of the discharge, and the initiative of the post-discharge consultation appointment was left to the patients. Elderly patients reviewed without any discharge summary had an increased risk of early rehospitalization. After cancer diagnosis, our work showed a loss of longitudinal COC in about a quarter of the patients. Those with omorbidities or metastatic cancer were less at risk of loss of COC. Four patients out of ten were followed up in general practice for mental disorders after cancer diagnosis, particularly women and young patients. General practitioners ascertained a high degree of continuity for the patients who had mental disorders before their cancer: 82% of them were still followed after their diagnosis.
As a conclusion, these works confirm that elderly patients after hospital discharge and patients with cancer are at risk of loss of continuity. There are perspectives for improvement of clinical practices with better continuity of care, and for complementary researches.
Keywords: continuity of patient care, general practice, neoplasm, aged,
The proportion and the characteristics of the patients (age, sexe, comorbidities, mental disorders) followed up for psychological care after cancer in general practice were described from a cohort of 4 330 patients (111 general practitioners, longitudinal continuity). For elderly patients at hospital discharge, our work confirmed a risk of loss of informational COC, due to the late transmission of discharge summaries. A loss of longitudinal COC has also been ascertained: less than one in two general practitioners had been informed of the discharge, and the initiative of the post-discharge consultation appointment was left to the patients. Elderly patients reviewed without any discharge summary had an increased risk of early rehospitalization. After cancer diagnosis, our work showed a loss of longitudinal COC in about a quarter of the patients. Those with omorbidities or metastatic cancer were less at risk of loss of COC. Four patients out of ten were followed up in general practice for mental disorders after cancer diagnosis, particularly women and young patients. General practitioners ascertained a high degree of continuity for the patients who had mental disorders before their cancer: 82% of them were still followed after their diagnosis.
As a conclusion, these works confirm that elderly patients after hospital discharge and patients with cancer are at risk of loss of continuity. There are perspectives for improvement of clinical practices with better continuity of care, and for complementary researches.
Keywords: continuity of patient care, general practice, neoplasm, aged,