Octobre 2001
Contexte :
Les études évaluant la prévalence de l’épisode dépressif caractérisé (EDC) en population générale donnent des résultats variables (3% à 10%). Leur méthodologie est parfois contestable, en particulier pour celles menées en France. Une étude épidémiologique récente du CREDES laisse penser que le diagnostic d’EDC est sous évalué (p=15% ; sexe ratio 2,2). Il y a peu d’études évaluant cette prévalence en population de médecine générale. L’étude américaine ECA donne une prévalence déclarative des médecins généralistes de 1,5% à 4,5% ; elle passe de 4,8% à 8,6% si ces médecins utilisent de façon systématique un interrogatoire structuré.
Objectif :
Notre objectif principal est d’évaluer la prévalence de l’EDC en Médecine Générale. Nos objectifs secondaires sont d’identifier les facteurs démographiques et médicaux à risque de dépression.
Méthode :
Enquête épidémiologique transversale. Notre analyse a porté sur 60040 patients présents dans la base de données de la Société Française de Médecine Générale (SFMG) en 1999. Notre critère de jugement principal a été la " dépression " du dictionnaire des résultats de consultation de la SFMG. Nous avons estimé la prévalence de la dépression. Nous avons comparé les principales données démographiques et cliniques entre les patients dépressifs et non dépressifs.
Résultats : 910 patients ont présenté un EDC en 1999, soit une prévalence de 1,52% (IC95% :1,4 - 1,6). Le sexe ratio pour les femmes est de 2,29 (p<0,0001). La comparaison par tranches d’âge montre une forte proportion de patients âgés de 41 à 80 ans chez les dépressifs (p<0,0001). Les troubles mentaux les plus fréquemment associés à la dépression sont le suicide (1% vs 0,04% ; OR=26,83 ; p<0,0001), la démence (1,10% vs 0,11% ; OR=10,25), l’anorexieboulimie (1% vs 0,11% ; OR=9,36 ; p<0,0001), l’anxiété-angoisse (13,1% vs 2,04% ; OR=7,23 ; p<0,0001), les phobies (0,33% vs 0,05% ; OR=6,98 ; p=0,012). L’existence d’un problème familial (OR=6,27) ou d’un problème de couple (OR=6,25) sont fréquemment associés à la dépression. Les patients ayant un problème en cours avec l’alcool sont plus dépressifs (4,47% vs 0,96% ; OR=8,33 ; p<0,0001). Parmi les pathologies non mentales, migraine et cancer sont assez fortement associés à la dépression (OR#4,5). La ménopause est associée à la dépression avec un OR de 2,24. L’analyse des problèmes morbides des patients sur la période 97-98 montre qu’un antécédent de dépression constitue un fort facteur de risque de dépression (47,7% vs 2,08% ; OR=42,92 ; p<0,0001). Il en est de même pour les " plaintes polymorphes " (OR=30,9 ; p<0,0001). L’antécédent de suicide est un facteur de risque notable (OR=12,62 ; p<0,0001). Les antécédents d’anorexie, d’anxiété - angoisse, de problème familial ou de couple, de problème avec l’alcool sont toujours des facteurs de risque d’EDC, mais sont moins fortement liés à l’EDC qu’en cas de comorbidité (OR4).
Conclusion :
Notre étude, avec une prévalence de 1,52% est comparable à celle de l’étude ECA. Ce résultat est inférieur à ceux des enquêtes systématiques de patients ou en population générale. Il nous semble nécessaire d’analyser les schémas de représentation de la maladie dépressive des médecins pour tenter de comprendre cette discordance.
Les études évaluant la prévalence de l’épisode dépressif caractérisé (EDC) en population générale donnent des résultats variables (3% à 10%). Leur méthodologie est parfois contestable, en particulier pour celles menées en France. Une étude épidémiologique récente du CREDES laisse penser que le diagnostic d’EDC est sous évalué (p=15% ; sexe ratio 2,2). Il y a peu d’études évaluant cette prévalence en population de médecine générale. L’étude américaine ECA donne une prévalence déclarative des médecins généralistes de 1,5% à 4,5% ; elle passe de 4,8% à 8,6% si ces médecins utilisent de façon systématique un interrogatoire structuré.
Objectif :
Notre objectif principal est d’évaluer la prévalence de l’EDC en Médecine Générale. Nos objectifs secondaires sont d’identifier les facteurs démographiques et médicaux à risque de dépression.
Méthode :
Enquête épidémiologique transversale. Notre analyse a porté sur 60040 patients présents dans la base de données de la Société Française de Médecine Générale (SFMG) en 1999. Notre critère de jugement principal a été la " dépression " du dictionnaire des résultats de consultation de la SFMG. Nous avons estimé la prévalence de la dépression. Nous avons comparé les principales données démographiques et cliniques entre les patients dépressifs et non dépressifs.
Résultats : 910 patients ont présenté un EDC en 1999, soit une prévalence de 1,52% (IC95% :1,4 - 1,6). Le sexe ratio pour les femmes est de 2,29 (p<0,0001). La comparaison par tranches d’âge montre une forte proportion de patients âgés de 41 à 80 ans chez les dépressifs (p<0,0001). Les troubles mentaux les plus fréquemment associés à la dépression sont le suicide (1% vs 0,04% ; OR=26,83 ; p<0,0001), la démence (1,10% vs 0,11% ; OR=10,25), l’anorexieboulimie (1% vs 0,11% ; OR=9,36 ; p<0,0001), l’anxiété-angoisse (13,1% vs 2,04% ; OR=7,23 ; p<0,0001), les phobies (0,33% vs 0,05% ; OR=6,98 ; p=0,012). L’existence d’un problème familial (OR=6,27) ou d’un problème de couple (OR=6,25) sont fréquemment associés à la dépression. Les patients ayant un problème en cours avec l’alcool sont plus dépressifs (4,47% vs 0,96% ; OR=8,33 ; p<0,0001). Parmi les pathologies non mentales, migraine et cancer sont assez fortement associés à la dépression (OR#4,5). La ménopause est associée à la dépression avec un OR de 2,24. L’analyse des problèmes morbides des patients sur la période 97-98 montre qu’un antécédent de dépression constitue un fort facteur de risque de dépression (47,7% vs 2,08% ; OR=42,92 ; p<0,0001). Il en est de même pour les " plaintes polymorphes " (OR=30,9 ; p<0,0001). L’antécédent de suicide est un facteur de risque notable (OR=12,62 ; p<0,0001). Les antécédents d’anorexie, d’anxiété - angoisse, de problème familial ou de couple, de problème avec l’alcool sont toujours des facteurs de risque d’EDC, mais sont moins fortement liés à l’EDC qu’en cas de comorbidité (OR4).
Conclusion :
Notre étude, avec une prévalence de 1,52% est comparable à celle de l’étude ECA. Ce résultat est inférieur à ceux des enquêtes systématiques de patients ou en population générale. Il nous semble nécessaire d’analyser les schémas de représentation de la maladie dépressive des médecins pour tenter de comprendre cette discordance.