Ou comment apprivoiser l’incertitude diagnostique
A l'origine étaient le patient et la clinique, deux éléments qui ont été abandonnés par la médecine contemporaine. Le médecin moderne n'est plus clinicien. Il ne porte plus crédit aux dires du patient. Il explore, à partir de la plainte, sans analyse préalable, dans une quête inconditionnelle et automatisée, une éventuelle maladie. On ne parle plus que de constante, bilan, protocole dont le médecin est progressivement exclu. A son insu, sans prendre de recul, le piège se referme doucement sur lui. On découvre par ailleurs que la quatrième révolution industrielle, celle de l'intelligence artificielle, touchera en priorité le secteur de la santé.
Il est donc légitime de se demander s'il existera encore des médecins dans 20 ans ?
La médecine exercée "au chevet du malade", le retour à un cheminement clinique, est un moyen d'éviter nos errements et d'avancer au plus près des interrogations et souffrances du patient.
Fort de ce qu'il a appris à la faculté et malgré l’apport de la technologie médicale, le "bon médecin" devra demain, s'il ne veut pas être remplacé par l’intelligence artificielle, rester un "bon clinicien". La clinique doit être réhabilitée. Elle est performante si elle est correctement menée. Elle apporte gain de temps, d'argent et moindre anxiété pour le patient. Elle ne se cantonne pas à une sémiologie isolée, réduite à un simple routage algorithmique. Elle nécessite à la fois la capacité à recueillir des informations utiles et le talent de les organiser intellectuellement. Cette transformation de l'information, ici la sémiologie, opérée par un professionnel, donne à la clinique toute sa force. Cet ouvrage a pour objectif d'en expliquer les rouages.
Référencement
Chouilly J, Jouteau D, Ferru P, Kandel O. Pour un retour au raisonnement clinique, ou comment apprivoiser l’incertitude diagnostique. GMSanté édition. 2019. 195 pages